Mathématiques Discrètes

ESSI 1

2001-2002

 

 

Corrigé de l'examen du Vendredi  16 Novembre 2001

 

 

Exercice 1 [Ce type d’exercice a été vu plusieurs fois en TD et devoir, une rédaction particulièrement soignée est donc requise]

Soit Var et Op deux ensembles finis disjoints ne contenant pas les parenthèses.

Soit E l'ensemble défini inductivement par

                Base : Var Ì E

Règle  E1 , E2ÎE, wÎOp Þ  E1w ( E2 ) ÎE

 

1) Montrer que tous les mots de E vérifient les deux propriétés suivantes

i)                    m contient autant de (  que  )

ii)                  tout préfixe propre de m contient au moins autant de (  que de )  

 

2) Montrer que le schéma définissant E est libre .

 

 

1) Pour ne pas changer, posons A=VarÈ Op  et  introduisons d, la fonction de A* dans Z qui a tout mot associe son nombre de ( moins son nombre de ).

La propriété  i) se récrit d (m)=0

La propriété ii) se récrit  tout p  préfixe propre de m est tel que d (p)³0

 

Montrons  par induction structurelle sur E que tout mot de E vérifie les propriétés i) et ii)

Base :  toute variable v est bien telle que d (v)=0, et de plus un mot réduit à une variable n'a pas de préfixe propre

 

Supposons que E1 et E2 mots de E vérifient les propriétés i) et ii).

Soit m=E1w(E2)

d (m)=  d (E1)+ d (w)+ 1+d (E2) -1 =0

Donc m vérifie la propriété i)

Soit p un préfixe propre de m, Les formes possible pour p sont :

 

·         pE1   pE1 est un préfixe (pas nécessairement propre) de E1 donc  d (pE1) ³0

 

·         E1w   or  d (E1w ) =0

 

·         E1w(pE2   pE2 est un préfixe (pas nécessairement propre) de E2 or d ((E1w(pE2)=1+ d (pE2) >0

Donc m vérifie bien la propriété ii)

 

Remarque : ceux qui ont utilisé une décomposition avec des préfixes propres ont souvent oublier des cas.

2) Preuve de la liberté

-          il ne peut pas y avoir une variable égale à un mot contenant un opérateur

-          il y a une seule règle

-          cette règle est injective : Supposons qu'il existe 4 éléments de E :  E1 E2 E'1 E'2 ; 2 opérateurs w, w' tels que E1 w (E2)=E'1 w'(E'2).

-          Si E1 et E'1 sont de la même longueur on a nécessairement E1=E2  et donc w = w ' et donc E2=E'2.

-          Mais si E1 est plus court que E'1, alors E1 est un préfixe propre de E'1  et E'1 =E1s. On doit avoir  d (s ) =0, (puisque E1 et E'1 vérifient i)) . Puisque E1 w (E2)=E'1 w' (E'2) =E1s w' (E'2), on a  w (E2)=s w' (E'2), donc s est un prefixe propre de  w (E2)

-          s ne peut pas être égal à w , car alors on aurait E'1=E1w et aucun mot de E ne peut se terminer par un opérateur

-          s =  w (  est impossible car on doit avoir d (s ) =0

-          de même s=w (pE2 ,avec pE2 préfixe de E2, contredit d (s ) =0

-          dans tous ces cas on aboutit à une contradiction donc E1 ne peut être plus court que E'1,  le cas symétrique est analogue.

-           

-          mais par ailleurs E1 est dans E donc d (E1 )=0, une contradiction. La même contradiction apparaît, si on suppose que E'1 est plus court que E1.

 

Autre  rédaction possible pour l'injectivité : montrer que si E=E1w (E2), alors w est le dernier opérateur sous lequel le compteur s'annule.  En effet, d(E1w)=0, de plus quelque soit un préfixe pE2 de E2, d(E1w( pE2)>0.On a bien d(E1w( E2))=0. , mais ) n'est pas un opérateur. Donc la position de w est unique, et un seul découpage est possible.

Remarque :écrire "Mais si E1 est plus court que E'1, alors E1 est un préfixe propre de E'1 et donc d(E1)³0 or d(E1)=0 , contradiction" mais incorrect il n'y a aucune contradiction là dedans.

 

 

 

Exercice 2

1)Montrer que les polynômes P non nuls en x à coefficients dans R peuvent être définis inductivement par           

Base  c Î R -{0} Þ p(x)=c Î P

                Règle p(x) Î P, c ÎR Þ q(x)=xp(x)+c Î P

2) Montrer que le schéma définissant P est libre

3) Définir inductivement la fonction Degré :   P ® N , qui associe à tout polynôme son degré

4) Définir inductivement la fonction X2 : P ® P , telle que  X2(p(x)) = p(x2)

5) Définir inductivement la fonction  Calcul :  P x R ® R , qui calcule la valeur de p(x) pour un x dans R donné.

 

1)       Appelons P l'ensemble défini inductivement et Poly l'ensemble des polynômes en x non nuls à coefficients dans R

 

Montrons P inclus dans Poly : la preuve se fait par induction structurelle:

                Base : un réel non nul est dans Poly

                Propagation si p(x) est dans Poly, xp(x)+c est aussi dans Poly

               

      Montrons Poly inclus dans P : la preuve se fait sur les degrés des polynômes de Poly

                Base : un polynome non nul de degré zéro est une constante réelle non nulle, il est donc dans P.

                Hypothèse d'induction : tous les polynômes non nul de degré inférieur ou égal à n sont dans P.

                               Soit p(x) un polynôme de degré k+1, il existe k+2 réels ai tels que et ak+1 est non nul. Soit le polynôme , q(x) est un polynôme non nul de degré k, par hypothèse de récurrence il est dans P, donc p(x) est dans P , par définition de P.

 

2)       Le schéma est libre, en effet un polynôme de la base est de degré 0 tandis qu'un polynôme créé par une règle est de degré au moins un. De plus xp(x)+c=xq(x)+c' avec p et q polynôme non nuls implique c=c' (terme de degré zéro) et par suite p(x)=q(x).

3)       Degré :   P ® N , peut être définie inductivement par

 c Î R -{0} ,  degré(c )=0

                degré(xp(x)+c)=1+degré(p(x)).

Preuve : on vérifie que le degré d'une constante non nulle est bien 0 et que si le degré de q(x) est k, alors le degré de xq(x)+c' est k+1 (c'est vrai car q(x) est un polynôme non nul.

 

4) X2 : P ® P , peut être définie inductivement par

c Î R -{0} ,  X2(c )=c

                X2(xp(x)+c)=c+x2.X2(p(x)).

En effet, le changement de variable x donne x2 ne modifie pas les constantes. Et pour remplacer x par x2 dans q(x)=xp(x)+c il suffit de remplacer  x par x2 dans p(x) et le facteur x par un facteur x2

 

 telle que  X2(p(x)) = p(x2)

5)   Calcul :  P x R ® R , peut être définie inductivement par

c Î R -{0} ,  Calcul(c,x0 )=c

                Calcul(xp(x)+c, x0 )=c+ x0. Calcul(p(x), x0 )

 

Remarques

1)       Un polynôme est une fonction de R dans R  !!!

2)       Le polynôme nul vaut 0 pour tout x de R ! !!!!!!

3)       Le degré de P1(x).P2(x)+c  (où c est une constante) est égal au degré de P1 (x) plus le degré de P2 (x)

Exercice 3

Donnez et prouvez une définition inductive pour l'ensemble des mots binaires comportant un nombre pair de zéro. Votre schéma est -il libre ?

 

Solution 3.1

Base  {e}Î E

 

Règles R1 :m Î E,  1m Î E

                R2 : m, m' Î E,  0m 0m'Î E

 

Notons MBP les mots binaires comportant un nombre pair de zéros

 

Montrons E inclus dans MBP

                Evident par induction structurelle, car R1 conserve le nombre de « 0 » et R2 en ajoute 2

 

Montrons MBP inclus dans E

                Par récurrence sur la longueur des mots de MBP

Base : tout mot de MBP de longueur zéro est dans E

Hypothèse de récurrence : les mots de MBP de longueur inférieure ou égale  à k sont tous dans E

Soit m un mot de MBP de longueur k+1.

·         Si la première lettre de m est un 1, alors m=1m' avec m' dans MBP, or m' est de longueur k donc HR m' est dans E, par définition de E (règle 1), m est aussi dans E

·         Si la première lettre de m est un zéro alors m contient au moins un nombre zéro (car un est impair). Le mot m s'écrit donc 0p0s où p est un mot (éventuellement vide) ne comportant aucun zéro. P et s sont de longueur inférieur à k et contiennent tous les deux un nombre pair de zéro. On a donc p et s dans E par HR. Mais alors par la règle R2, m est dans E.

 

Ce schéma n'est pas libre, il y a plusieurs façons de produire le mot 0000, règle R2 avec m=m'=0 ou règle R2 avec m=00 et m' vide;

 

Solution 3.2

Base  {e}Î E

 

Règles   R1 :m Î E,  1 m Î E

                R2 : m, m' Î E,  0 m 0Î E

R3 :m Î E,  m 1 Î E

 

Notons MBP les mots binaires comportant un nombre pair de zéros

 

Montrons E inclus dans MBP

                Evident par induction structurelle, car R1 et R3 conservent le nombre de « 0 » et R2 en ajoute 2

 

Montrons MBP inclus dans E

                Par récurrence sur la longueur des mots de MBP

Base : tout mot de MBP de longueur zéro est dans E

Hypothèse de récurrence : les mots de MBP de longueur inférieure ou égale  à k sont tous dans E

Soit m un mot de MBP de longueur k+1, de trois choses, l’une :

·         la première lettre de m est un 1, alors m=1m' avec m' dans MBP, or m' est de longueur k donc HR m' est dans E, par définition de E (règle 1), m est aussi dans E

·         la dernière lettre de m est un 1, alors m=m' 1avec m' dans MBP, or m' est de longueur k donc HR m' est dans E, par définition de E (règle 3), m est aussi dans E

·         la première et la dernière lettre de m sont des 0. Le mot m s'écrit donc 0p0 où p est un mot (éventuellement vide) de longueur inférieur à k et contient un nombre pair de zéro. On a donc p dans E par HR. Mais alors par la règle R2, m est dans E.

 

Ce schéma n'est pas libre, il y a plusieurs façons de produire le mot 11= 1e = e1

               

                Les erreurs les plus graves

  • Oublier de nommer les deux ensembles et ne pas rédiger la preuve en deux parties d’inclusion réciproque : « E inclus dans MBP » et « MBP inclus dans E »
  • Donner une preuve(?) de « MBP inclus dans E » alors que le système inductif est incomplet
  • Dans la preuve « MBP inclus dans E » , séparer les mots m suivant des cas issus des règles de E
  • Ne pas s’apercevoir dans  la preuve « MBP inclus dans E » que des règles ne servent pas.